Vétérinaire de campagne
« Je suis avec le véto ! ». L’éleveuse raccroche le téléphone, le glisse dans la poche de sa combinaison et tire sur la corde d’un geste rapide et maîtrisé. La vache est coincée entre deux barrières : Vincent Chicoineau réalise la prise de sang. Jeune vétérinaire de 31 ans, il a choisi de travailler à la campagne par passion. D’une pension pour vaches dans l’Isère à un élevage de laitières dans le Beaujolais, les praticiens de la « rurale » comme Vincent sillonnent la campagne et font figure d’irréductibles dans une profession bouleversée par cinquante ans d’évolution de la vie agricole.
« La rurale » comme elle est appelée dans le jargon, est devenue une spécialité rare. À peine dix élèves de l’école de Lyon l’ont préféré en 2011 aux disciplines équines et canines et les nouveaux diplômés, en majorité des femmes, préfèrent exercer en ville.
À la campagne, le métier est physique, parfois dangereux -les vaches pèsent entre 500 kilos et une tonne- et exige une grande disponibilité. Seuls 31% des vétérinaires enregistrés dans la région Rhône-Alpes pratiquent encore la rurale à temps plein ou de manière ponctuelle.